La mer rafraîchit notre imagination parce qu'elle ne nous fait pas penser à la vie humaine; mais elle réjouit l'âme, parce que, comme l'âme, c'est un effort infini et impuissant, une force sans cesse brisée par les chutes, une lamentation éternelle et exquise. La mer nous enchante ainsi comme la musique qui, contrairement à la langue, ne porte jamais la trace des choses, ne nous dit jamais rien sur les êtres humains, mais imite les remous de l'âme. Balayant les vagues de ces mouvements, replongeant avec eux, le c½ur oublie ainsi ses propres échecs et trouve du réconfort dans une harmonie intime entre sa propre tristesse et la tristesse de la mer, qui fusionne le destin de la mer avec les destinées de toutes choses.